Un peu d'histoire
La découverte d’une hache polie au siècle dernier et d’autres artefacts lithiques, sur le territoire de notre commune, témoigne de la présence de l’homme dans notre région dès le néolithique, alors que d’autres vestiges tel le four de potier de Passaire (ci-dessous) attestent une présence à la période gallo-romaine.
Four potier de Passaire
Bâti sur un piton rocheux, Dauphin domine la plaine de Mane au nord, et le confluent du Largue et de la Laye au sud-est, le chemin Seynet, marque la limite du territoire au nord.
Ce nom à l’origine incertaine désigne la voie romaine appelée autrefois la « via domitia », du nom de son constructeur Marius Domitius Ahenobarbus » consul romain, dont ce fut la mission après l’intervention de Rome visant à porter assistance à Marseille en 118 av JC. Les massaliotes avaient en effet apporté leur aide à Rome à plusieurs reprises, notamment lors des guerres puniques et de l’attaque par les gaulois en 387. En vertu des accords passés à la suite de ces évènements, Rome porta assistance pour la troisième fois à Marseille, attaquée par les pirates ligures. Intervention qui eut pour conséquence la colonisation de la région avec création de la colonie Narbo Martius (Narbonne) puis la province de la « Narbonaise » appelée « provincia romana » dont le nom est l’origine de celui de Provence.
Au sud, Dauphin, au nord Mane puis, Forcalquier
La civilisation romaine s’infiltra naturellement par cette voie. En grande partie disparue, elle suivait à peu près le tracé de la Nationale 100 aujourd’hui. Elle courrait de Narbonne au mont Genèvre passait par Apt (Apta Julia), Cereste (Catuiaca), la Bégude, et donc Dauphin, pour se diriger vers l’antique Alaunium, dont quelques vestiges subsistent au pied de Lurs, Sisteron (Segustero), puis Briançon (Brigantio) et enfin rejoindre l’Italie.
Chemin de Seynet, vers Sisteron
Pierre de Tavernoure, la via Domitia vers Avignon
Cette route autorise encore aujourd’hui la traversée de la plaine de Mane et délimite les territoires de Saint Michel et de Dauphin. On y a retrouvé une pierre dite de Tavernoure, une des deux bornes dit-on chargées de matérialiser cette limite. Le nom de Tavernoure, comme celui de la Bégude, évoque une auberge ou taverne (tabernae) une de ces mutationes (singulier mutatio), une aire de ravitaillement que l’on trouvait à intervalles réguliers, le long de ces voies.
A proximité, au pied du Prieuré d’Ardenne, au bord de la nationale 100, mais sur le territoire de Saint Michel existe toujours l’appareillage du gué du Reculon, ouvrage de pierre destiné à limiter l’érosion causée par un petit cours d’eau. Deux autres gués subsistent également à un peu plus loin, celui des Roussétis près de Carluc, et Céreste dans le défilé de l’Encrême.
Le village primitif se situait vraisemblablement au pied du village, un emplacement fut occupé certainement dès l’époque romaine, entre le village actuel et la via Domitia, où se situait, le Prieuré de Chamberlay, nom à l’origine discutée.
Une plaque gravée et située sur un mur du cimetière signale la présence passée du prieuré de Notre Dame de Chamberlay érigé au XII siècle, l’ancienne église paroissiale ayant été démolie en 1895 en vue de l’extension du cimetière.
Dauphin se situait dans la mouvance de ce qui était alors le comté de Forcalquier, formé au onzième siècle, et comprenant la partie Est du territoire situé au nord de la Durance.
Dauphin fut érigé en fief en 1125 et attribué en 1133 par le comte de Forcalquier à Guigues IV d’Albon dit Guigues-Dolfin, ou Guigues Dauphin décédé en 1142. Il serait ainsi le seigneur éponyme de notre village.
Plusieurs seigneurs dont l’identité varie selon les sources et parmi lesquels, on trouve en 1126 Isnard de Dauphin né en 1090, sa fille Isnarda de Dauphin en 1147, se succèdent jusqu’en 1378 où la reine Jeanne vend Dauphin à Foulques d’Agout seigneur de Reillanne, cette famille se maintient jusqu’en 1501 ou elle cède la place à Antoine René de Bouliers, vicomte de Reillanne et seigneur de Beaumont, Baron de la Tour d’Aigues, seigneur de Saint Michel, de Centallo et Roquepervières en Piémont, puis de Dauphin, et Saint-Maime.
Le dernier membre de cette dynastie, Jean Louis Nicolas de Bouliers meurt sans enfants*
*Alors qu’on le pressait de partager ses biens, ce seigneur s’empara d’une épaule de mouton et la jeta à ses chiens qui se battirent pour sa possession. Il déclara alors « voici comment je veux que mes biens soient partagés, prenne qui pourra, au plus fort la pièce »
Dauphin passe alors sous la dépendance du marquis François d’Oraison, jusqu’en 1604.
Vendu à la famille d’Albertas, famille noble originaire d’Italie. Dauphin devient une baronnie.
*Antoine d’Albertas deuxième du nom, Chevalier, fut Seigneur de St-Maime, Baron de Dauphin, titre dont le roi l’honora en érigeant en sa faveur deux foires au lieu de Dauphin, par lettres du mois d’août 1654, en considération de ses services et de ceux de ses ancêtres, il avait obtenu le 24 octobre 1629 une compagnie de 100 hommes de guerre à pied, et fut élu le 1 juin 1656 l’un des syndics d’épée de la noblesse de Provence.
Sept de ses membres furent titulaires de la baronnie de Dauphin jusqu’à la révolution où furent élus des consuls.
On trouve ensuite dans les généalogies Philippe Louis de Félix, chevalier, marquis d’Ollières, seigneur de Dauphin Saint-Maime et autres places, élu premier consul d’Aix, puis Ferdinand Joseph Marie de Félix du Muy, comte de Félix, marquis du Muy, baron d'Ollières son héritier, vendit ses biens (de Dauphin) de son vivant. Il fut maire d’Ollières en 1857 et mourut en activité le 19 avril 1859.
*Les titulatures des membres de ces familles, montrent qu’ils n’étaient pas seulement possesseurs du titre concernant Dauphin, mais également de beaucoup d’autres. De plus celles-ci variaient au cours des créations, des successions et des alliances.
Ce n’est qu’après la construction du château au début du XII siècle que les villageois vinrent s’installer près des remparts.
Quelques repères chronologiques
1598 Une épidémie de peste arrive de Manosque, les portes sont fermées par mesure de précaution.
1621 Par mesure d’hygiène et sur instance de l’évêque de Sisteron, les rues sont « caladées ».
1696 Afin d’obtenir des redevances, un édit royal oblige les communes à choisir un blason. Dauphin fait la sourde oreille, un blason lui est alors imposé. C’est le blason d’aujourd’hui représenté par un éléphant. Dans le même temps Saint-Maime se voit imposer un blason représentant un rhinocéros.
1793 Dauphin est rebaptisé Mont-roc.
1844 L’état projette d’annexer Saint-Maime à Dauphin, on conçoit aisément la réaction des saint-maimois.
1905 Cette date gravée sur les fontaines rappelle l’arrivée de l’eau au village à partir de la source de Comtard. On imagine aisément ce que furent les réjouissances dues à cet évènement, qui permettait désormais aux Dauphinois d’éviter la corvée du puits, situé au pied du village, au Nord.
Ce qui reste de l'histoire
La construction du château date du début du XII siècle, coloré en rouge sur la vue aérienne ci-dessous.
On y distingue nettement l’emplacement des trois tours de la construction originale. Au sud, la tour et le portail du Pourcheirieu ou de la Gardette, dont le nom évoque l’emplacement du corps de garde. Au nord-ouest, contre la tour, la porte du château. La troisième tour, au centre était accolée au bâtiment principal.
La terrasse surplombant le boulevard du nord était également celle du château.
A l’est, les bâtiments contigus étaient autrefois les logements du personnel et de l’intendance, celui du nord (partie supérieure de la zone colorée) constituait les écuries.
Elles ont subi des modifications depuis la relève de ses ruines au XIX siècle. La place de la mairie actuelle était occupée autrefois par le château lui-même. La partie romane de l’église d’aujourd’hui était sa chapelle.
Le village s’est agrandi au cours du temps, notamment vers le sud. Une seconde enceinte a été construite, une partie importante de ces constructions est encore visible aujourd’hui notamment le rempart sud longeant la rue du Barri (en occitan bari signifie rempart), la tour du Pasquié, le passage du chemin de ronde, au pied de la rue Scarpée et conduisant à la tour du Nicot.